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Avec un bateau plus petit et un iceberg plus gros, aucun risque de rejouer Titanic !  Crédits photo : Hubert Neufeld sur Unsplash
IA Réflexion

L'IA et l'École : Le tour du monde en moins d’un jour

Rémi
Rémi |

Quel roman réconcilie la science et l’esprit d’aventure, le défi et la mondialisation, le goût du savoir et celui du voyage ? Le Tour du monde en 80 jours, of course !

Publié en 1872, Jules Verne y raconte un monde en pleine accélération, où les bateaux à vapeur et les chemins de fer rapprochent les continents.

Cent cinquante ans plus tard, une nouvelle révolution accélère le monde : l’IA. De Singapour à Austin, de Pékin à Londres, écoles et enseignants expérimentent, tâtonnent et innovent, et nous donnent à voir les opportunités mais aussi les limites de cette technologie.

Comment concilier science et conscience, progrès et pédagogie, innovation et humanité ?

Accrochez vos ceintures, on embarque pour un tour du monde express de l’école augmentée !

Sommaire :

Les pionniers risque-tout de l’IA dans l’école

Aux Etats-Unis, l’IA remplace (presque) les profs

Vous avez bien lu…

🌎 À Austin au Texas, une école privée a décidé d’appliquer une politique jusqu’au-boutiste en laissant l’IA gérer le programme : Alpha School. Les élèves y consacrent deux heures par jour aux matières classiques (lecture, mathématiques, etc.), qu’ils étudient avec des logiciels pilotés par IA. Le reste du temps, ils alternent entre des temps d’ateliers avec d’autres élèves et des temps individuels avec leurs enseignants.

Les enseignants, appelés accompagnateurs, expliquent que les leçons pilotées par l’IA les déchargent de tâches fastidieuses comme la préparation des cours et la correction des copies, leur permettant ainsi de veiller aux besoins affectifs des élèves et de leur faire acquérir des compétences relationnelles, comme la capacité à prendre la parole en public.

Les élèves semblent apprécier :« On n’est pas freiné par ses camarades ou par ce que le professeur enseigne », explique Byron, élève en 5e, dans la mesure où l’IA adapte les cours au niveau de chaque enfant au lieu de délivrer un enseignement général.

L’école se targue d’excellents résultats académiques. Il est cependant biaisé de comparer les résultats des écoles publiques à ces établissements privés, notamment parce que les meilleurs résultats de l’enseignement privé s’expliquent souvent par la présence d’enfants issus de familles plus fortunées et mieux instruites (les frais de scolarité de l’AlphaSchool s’élèvent à 40 000 $ par an)

🌎 Toujours aux États-Unis, OpenAI, Microsoft et Anthropic ont annoncé le 8 juillet dernier, le lancement d’un partenariat de 23 millions de dollars avec l’un des plus puissants syndicats d’enseignants américains.

L’objectif : intégrer davantage d’intelligence artificielle à l’école, de la maternelle au lycée.

Mais ces projets sont loin de faire l’unanimité : certains enseignants américains sont partisans d’une approche beaucoup plus prudente par rapport à l’IA : « Tant que nous n’avons pas la certitude qu’un outil est utile, qu’il peut être utilisé en toute sécurité et qu’il n’est pas contraire à l’éthique, nous avons le devoir de résister à l’adoption massive de technologies comme les grands modèles de langage, qui n’ont pas été conçues par des enseignants dans un but pédagogique ».

A Singapour et dans les pays du Golfe, l’IA s’installe dès la maternelle et le primaire

🌍 À Singapour, on veut donner aux enfants une longueur d’avance sur la vague technologique, et le plus tôt sera le mieux.

Résultat : dans certaines écoles maternelles, des enfants de quatre ans programment déjà des robots et dictent à une IA des images pour leurs histoires. Des applications comme Creta Class adaptent les exercices de maths à chaque enfant et font le buzz.

🌍 En Arabie Saoudite et aux Émirats, l’école est une vitrine du futur. 

Résultat : l’IA a intégré les programmes scolaires en 2025 avec un cours sur « les concepts fondamentaux de l’IA, des données et algorithmes, et l’utilisation des logiciels et applications ». Dès le primaire, les élèves apprennent à coder, à dialoguer avec des chatbots ou à utiliser des tuteurs virtuels qui suivent leurs progrès en temps réel.

Si l’usage précoce de l'IA fait assez peu débat à Singapour et sur la péninsule arabique, témoignant de culture plutôt techno-optimistes, les dernières études sur les effets des écrans pour les plus jeunes pourraient bien remettre ce trop plein d’optimisme en cause…

Les prudents encadrants de l’IA à l’école

En Chine, l’IA est un outil, pas un substitut à l’apprentissage

Si la Chine avance à grands pas, elle s’interroge sérieusement sur les limites à ne pas franchir : l’IA doit rester un outil.

Dans un édito du Jingji Guancha Bao, un journaliste s’inquiète : si les élèves laissent aux LLMs le soin d’écrire leurs rédactions et résoudre leurs problèmes mathématiques, que deviendront la pensée critique, l’imagination, la lenteur de la réflexion ?

Proactif dans le déploiement de l’IA à l’école (notamment dans les collèges et lycées), le gouvernement chinois a néanmoins prévu des garde-fous en promulguant deux directives :

  • Les enseignants n’ont pas le droit de déléguer leurs missions à l’IA.
  • Les élèves d’école primaire ne peuvent pas générer librement des textes et des images.

Le message est clair : apprendre avec l’IA, oui, mais en limitant son usage aux plus jeunes et en s’assurant que les enseignants restent aux commandes des apprentissages.

Au Royaume-Uni et au Danemark, l’IA est un allié pour les profs et les élèves

🌍 Outre-Manche, l’IA est en salles de classe sous haute surveillance.

À l’école primaire, un prof fait discuter ses élèves avec un Charles Darwin virtuel.
Résultat : une participation record et une curiosité retrouvée.

Au collège, les adolescents apprennent à créer des prompts et à générer des images pour illustrer leurs rédactions.

Mais les enseignants gardent la main : l’IA reste un outil pédagogique maîtrisé. Chaque expérimentation s’accompagne d’une charte, d’autorisations parentales et d’un objectif clair : apprendre avec sens critique.

🌍 Au Danemark, les autorités ont choisi une voie médiane : autoriser l’IA mais pas partout.

Ainsi, pour le bac d’anglais 2026, les élèves pourront s’aider de l’IA pour préparer leur oral — mais ils devront écrire sans elle à l’épreuve écrite. Le cas par cas est donc de mise.

Mattias Tesfaye, ministre de l’Éducation danois, résume : « Il ne faut pas freiner le progrès, mais l’utiliser à bon escient ».

Conclusion

Ce tour du monde express est une invitation à se poser les bonnes questions :

  • Quelle est la place de l’IA à l’école ?
  • A quel âge les élèves devraient-ils avoir accès à ces outils ?

Une chose est sûre, il nous aura permis d’identifier deux types d’aventuriers IA :

  • Les “risque-tout”, qui ont déjà passé la cinquième, et ne cessent d’accélérer l’intégration de l’IA dans leur système éducatif ;
  • Les “prudents”, pour qui il est important d’encadrer, raisonner, et de ne pas foncer tête baissée dans une éducation pilotée par IA. Une vision que nous partageons chez Ed.

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