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Formation des profs IA

L’IA et les élèves : une love story shakespearienne

Clémence
Clémence |

Ta daan ta daan taaaa, ta dan dan da daaaan…Vous l’avez ? C’était l’intro du tube de Gainsbourg et Birkin « Je t’aime… Moi non plus » !

Cette semaine nous nous sommes interrogés sur la relation qu'entretiennent les élèves et l’IA. Tenez-vous bien, on a été surpris ! Pas d’apprendre qu’ils flirtaient avec cet outil populaire, non ; plutôt de constater que cette relation n’était pas vraiment assumée.

Certains élèves s'interrogent en effet sur la toxicité de leur rapport avec l’IA et du lien de dépendance qu’il pourrait engendrer…

Alors, comment fonctionne le couple IA-élèves ? Zoom sur une relation un brin shakespearien.

Acte I - Les élèves et l’IA : une love story sous couverture

Replaçons les choses dans le contexte du grand William Shakespeare :

  • D’un côté, vous avez un couple charmant : les élèves et l’IA (ChatGPT, MonIA Snapchat, l’IA de Canva, Alexa de Google, etc.).

  • De l’autre, des adultes opposés ou très réticents à cette relation : leur famille et les profs (oui désolé pour l’instant vous êtes les bad guys).

Et en dépit du conflit, les élèves bravent l’interdit.
Voyez les chiffres (*) et constatez par vous-même :

  • 85 % des élèves ont déjà testé l’IA
  • 79 % des lycéens l’utilisent (et 59 % au collège)
  • 46% des lycéens ont déjà rendu un travail réalisé avec l'IA.

Pourquoi utilisent-ils l’IA ? Pour générer des réponses, résumer des cours, corriger l’orthographe, traduire, reformuler des textes, rédiger des essais entiers ou générer des diaporamas. La reformulation des devoirs copiés est particulièrement prisée car la détection du plagiat est beaucoup plus difficile.

Cette relation des élèves avec l’IA est clandestine. Dans seulement 10 % des cas les enseignants sont informés de son recours.

Mais tout n’est pas si simple…

Si 60 % des élèves (collège et lycée confondus) voient dans l’IA quelque chose de positif, 60 % des lycéens estiment que l’IA a « quelque chose d’inquiétant », et perçoivent un risque de dépendance.

C’est là que vous entrez en jeu.

(*) Pour en savoir plus : "Les élèves face à l’IA : entre séduction et inquiétudes”, un article des Cahiers pédagogiques qui brosse les portraits des élèves utilisateurs de l’IA

Acte II - Les profs & l’IA : entre décodage et damage control

Pour Roméo et Juliette, ça a mal fini. Mais pour l’IA et les élèves, rien n’est joué et vous avez un rôle dans cette pièce.

Avant de savoir lequel, il y a un chiffre que vous devez avoir en tête : 20.
Seulement 20% des enseignants utilisent régulièrement l’IA, d’après une étude du ministère de l’Education nationale. C’est très peu quand on sait que son usage est massif chez les élèves.

Vous allez devoir vous y mettre pour pouvoir :

  • Détecter sans fliquer et savoir reconnaître un devoir 100 % maison ou 100 % ChatGPT. Certains profs sont aujourd’hui des pros pour déceler la tournure suspecte !

  • Former sans formater parce que l’IA, ce n’est pas (que) de la triche. C’est l’occasion de parler d’esprit critique, de vérification de sources, de biais algorithmiques et cognitifs… Évidemment ça vous demandera d’être outillés. Pourquoi pas en commençant par définir avec eux le lexique de l’IA ou expliquer comment fonctionne une LLM.

  • Rassurer les explorateurs prudents et les techno-sceptiques, notamment les filles, plus inquiètes sur le sujet (*).

Parce que derrière chaque prompt généré, il y a un élève qui doit apprendre à penser, formuler, douter et argumenter.

🛠 Ressources :

⚙ Notre lexique de l’IA, décomposé en trois niveaux de maîtrise pour devenir petit à petit un expert du sujet.
⚙ GPTZero Classic, un outil de référence pour détecter un texte généré par ChatGPT.
⚙ Turnitin, un outil qui fournit des rapports détaillés indiquant la proportion de contenu susceptible d’avoir été généré par IA.

Epilogue

Ne soyez pas spectateurs, entrez dans la pièce en devenant la Nourrice shakespearienne de ce duo.

Messagère et facilitatrice de la rencontre entre les deux parties, elle tisse les liens, apaise les tensions, accompagne les élans et encadre les débordements. Passons sous silence le moment où elle finit par trahir Juliette et restons focus sur sa fonction première : permettre à l’histoire de s’écrire.

Parce qu’entre les élèves et l’IA, tout est encore à construire. Avec vous, leur relation peut devenir moins clandestine et plus émancipatrice.

 

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