Ruser avec ChatGPT

Il y a très longtemps, un sage disait à propos d'une invention : « Celle-ci apportera l’oubli dans les âmes de ceux qui l’apprendront, car ils n’exerceront plus leur mémoire.»

Cet homme, c'était Socrate. L'invention démoniaque ? L’écriture. Eh oui…

Se méfier de l'innovation, c'est assez naturel. Et avouons-le, on a tous en nous un petit Socrate qui sommeille, et bondit quand un élève rend une dissertation parfaitement rédigée mais totalement générique.

D’après les chiffres ce n’est pas prêt de s’arranger : 80% des élèves du secondaire déclarent utiliser ChatGPT. En parallèle, seulement 20% des enseignants en font usage*.

Mais si au lieu de craindre l’IA, on cherchait à l’apprivoiser ? Tel Maître renard, on déjouerait ses ruses enfantines pour le transformer en assistant personnalisé.

* Source : Le Monde - L’intelligence artificielle à l’école, une révolution déjà en marche

Une ruse bien identifiée : ChatGPT et les devoirs maison

Avant l’IA, Internet avait déjà modifié la manière dont les élèves accédaient à l’information : Encarta, Wikipédia, forums et sites spécialisés, le copier-coller était plus qu’accessible et parfois difficile à détecter. Pomper était un art.

Avec l’IA, une nouvelle problématique apparaît : la capacité des élèves à exercer un regard critique sur l’information.

En effet, 44% des utilisateurs de ChatGPT, toute tranche d’âge confondue, se contentent de recopier les contenus générés par l’IA sans analyse ni adaptation, illustrant une difficulté à « promper » (contraction de pomper et prompter) correctement et à évaluer la pertinence des réponses obtenues.

Résultat, les enseignants font le choix :

• de ne plus donner de devoirs à la maison

• de proposer des exercices qui rendent l’usage de l’IA inutile ou contre-productif

• d’apprendre aux élèves à utiliser ChatGPT

Bref, vous rusez pour relever le défi pédagogique posé par l’IA, en repensant l’apprentissage et en développant de nouvelles stratégies.

Regardez comme elle se concentre pour maîtriser l’art du prompt ! Crédits photo : Photo de Annie Spratt sur Unsplash

Comment déjouer les pièges tendus par ChatGPT ?

Miser sur la métacognition

Constat : Vous l’avez remarqué, la simple mise en activité des élèves en classe ne garantit pas l'appropriation des savoirs.

Solution : Doter les élèves d'outils mentaux leur permettant de comprendre et de réguler leur propre processus d'apprentissage. C’est ce qu’on appelle la métacognition.

Un élève qui sait analyser ses erreurs et ajuster ses stratégies sera plus à même d’utiliser l’IA à bon escient selon ces récents travaux de recherche.

En pratique : Imaginez des activités pour développer les compétences métacognitives des élèves. Vous pouvez proposer aux élèves :

• d’évaluer leur degré de certitude par rapport à leurs connaissances.

• de faire un bilan de leur démarche via un questionnaire réflexif.

• de remplir un journal de réflexion.

Apprivoiser l’IA pour créer des automatismes

Constat : L’IA est un outil qu’il est difficile d’interdire et qui s’avère d’une grande aide dans l’apprentissage.

Solution : Utiliser ChatGPT de manière ludique et constructive pour qu’il devienne un allié, un assistant personnalisé pour chaque élève.

En pratique : Les élèves peuvent utiliser l’IA à différents moments de l’apprentissage :

• L’assimilation : grâce à ChatGPT, ils pourraient poser des questions qu’ils n’ont pas osé poser en classe ou demander à l’outil de générer des fiches de synthèse ou des moyens mnémotechniques pour retenir une notion.

• Les révisions : dans ce cas on apprend aux élèves à utiliser l’IA pour créer des flashcards, des quiz ou des résumés, pour vérifier la mémorisation d’une notion.

Et voilà ! Comme le Petit Prince et le renard, l’élève et le robot s’apprivoisent. Crédits photo : Andy Kelly sur Unsplash

Conclusion

L’IA est une innovation qui s’apprivoise. Elisabeth Borne a d’ailleurs annoncé dans les colonnes de Ouest-France le 7 février, qu’une formation en ligne serait disponible dès la rentrée 2025 pour tous les élèves du secondaire, et obligatoire pour les classes de 4e et de 2de.

Votre rôle est de former des citoyens avertis : des élèves qui ne subissent pas l’IA mais l'exploitent avec un esprit critique ; formés par des enseignants qui ne craignent pas l’IA mais la domptent avec malice.

Alors, quelle sera votre prochaine ruse pédagogique ?